Après la protestation démocratique à In Salah
place au débat et à l’action pour mettre en œuvre un véritable patriotisme économique
Commerces fermés, étudiants en grève, femmes mobilisées, rassemblement de citoyens qui demandent au Wali de Tamanrasset, à Sonatrach et au Président de la République l’arrêt des forages d’expérimentation de la fracturation hydraulique démontrent une maturation de la conscience démocratique. C’est le caractère saillant du mouvement qui gagne tout le Sud central. Et si les citoyens perçoivent correctement l’aléa lié à toute activité industrielle, Sonatrach qui voit les accidents se répéter à Skikda ou Arzew ne leur paraît pas en capacité de donner des garanties pour le respect de l’environnement. Les explications aux prétentions pédagogiques bafouillées par le Ministre de l’Energie et différents experts n’y font rien.
Les citoyens doivent comprendre les responsabilités de l’Etat en matière de budget, de maîtrise des nouvelles technologies ou de sécurisation de l’offre énergétique, mais le pouvoir leur semble pris dans des contradictions insoutenables et paraît user de subterfuges. C’est pourquoi la mobilisation s’élargie et s’approfondit. Pour y faire face, des relais du pouvoir agitent, encore une fois, le spectre de la déstabilisation. Tandis que d’autres forces tentent d’instrumentaliser la protestation pour leurs luttes d’appareils et proposent d’attendre un changement de pouvoir alors que le problème posé par l’exploration du gaz de schiste nécessite une réponse urgente.
Tout en alertant sur les menaces, les citoyens rappellent l’importance de l’action de l’Etat. Oui il faut développer le Sud, oui il faut de l’énergie pour les ménages et notre économie, oui, même le patriotisme économique ne peut s’adosser qu’à la rente pétrolière, oui il faut créer des emplois dans la région mais elle ne doit pas rester vouée à la seule vocation de réserve énergétique et il faut agir sur les causes profondes de la crise. D’autre part des alternatives sur le court terme existent : améliorer la récupération des ressources hydrocarbures conventionnelles, se battre pour mieux valoriser nos exportations de gaz et pétrole, économiser sur la consommation d’énergie en faisant des logements qui consomment moins, accroître le soutien à la recherche scientifique sur les énergies renouvelables. Elles doivent être débattues!
L’urgence vécue n’est malheureusement pas au centre des décisions des autorités nationales mais également locales qui tout à la recherche effrénée de ressources pour le budget de l’Etat hésitent à mettre en œuvre le principe de précaution, renoncent à se donner du temps et à ouvrir un cadre d’échanges respectueux des uns et des autres. C’est pourquoi aux menaces sur l’environnement et sur l’investissement – car au moment où les cours des hydrocarbures s’effondrent, il n’y a pas de garantie de rentabilité- s’ajoute un sentiment de hogra. Le pouvoir, enfermé dans une logique despotique, paraît ne pas faire preuve de l’attention nécessaire pour rechercher les réponses audacieuses qu’attendent toutes celles et tous ceux qui souffrent du mal-développement.
Le MDS salue la mobilisation actuelle et appelle à l’amplifier à travers toute l’Algérie, en rejoignant entre autre le rassemblement de protestation qui doit se tenir ce samedi à 13h à la Grande Poste à Alger. A In Salah quand les citoyens réclament la venue du Premier Ministre, c’est une discussion nationale qu’ils exigent. Notre mouvement exhorte donc le pouvoir qui a été surpris par la protestation à renoncer à son attitude crispée, à travailler à renforcer la cohésion nationale et préserver la stabilité du pays. Le temps du débat de fond et pluraliste est arrivé, d’autant que le Ministre de l’Intérieur prétendait consacrer la démocratie participative. Et, en effet, le patriotisme économique ne peut pas tourner le dos aux exigences démocratiques.
Alger, le 17 janvier 2015
Le bureau national